IA agentique : définition, cas d’usage et enjeux pour la fonction RH
Depuis l’essor de l’intelligence artificielle générative, une nouvelle étape concentre désormais l’attention : celle de l’IA agentique. Ce concept, parfois perçu comme abstrait, est encore souvent confondu avec les LLM (ou modèles de langage) comme ChatGPT, Claude et Gemini. Pourtant, parler d’agents IA ou d’agents autonomes IA renvoie à une réalité différente, qui mérite d’être précisée pour en saisir tout le potentiel.
Pour les professionnels RH, les agents IA suscitent une triple curiosité : quelle est la définition de l’IA agentique ? Comment fonctionne concrètement un agent IA ? Et surtout, quels cas d’usage émergent déjà dans la fonction RH ?
Ce thème a animé de nombreux échanges lors du Septeo Future Insights HR 2025, où quatre experts ont débattu du rôle croissant des agents IA dans la transformation de la fonction RH.
En résumé :
- L’IA agentique désigne des systèmes capables de comprendre un objectif, de prendre des décisions et d’agir de manière autonome.
- Ces agents IA autonomes vont plus loin que les chatbots et assistants traditionnels.
- Les premiers cas d’usage RH (recrutement, onboarding) existent, mais restent limités et expérimentaux.
- Leur émergence soulève déjà des questions légales, organisationnelles et culturelles qui concernent directement les DRH.
Qu’est-ce qu’un agent IA ?
Lors de l’événement Septeo Future Insights HR 2025, Lobna Calleja Ben Hassine, fondatrice de Besoin de rien, envie d’IA a posé un repère simple et utile :
« Les agents comprennent leur environnement, prennent des décisions et agissent de façon autonome. »
Définition de l’IA agentique :
L’IA agentique désigne une intelligence artificielle capable non seulement de comprendre une consigne, mais aussi de prendre des décisions et d’agir de manière autonome pour atteindre un objectif.
En pratique, il existe trois paliers en matière d’IA :
- Le bot suit un script. Si la question ne correspond pas exactement à ce qui a été programmé, il n’est pas en mesure d’y répondre.
- L’assistant comprend mieux le langage naturel et puise dans une base documentaire. Il reste cependant passif et attend la question.
- L’agent IA franchit un cap : il perçoit un contexte, planifie, prend des décisions et agit sur des outils (sans sollicitation humaine à chaque pas).
Les trois niveaux d’intelligence artificielle en pratique
|
Niveau |
Description |
Capacités principales |
Autonomie |
Niveau de criticité |
| Bot | Suit un script prédéfini et ne répond qu’à des requêtes exactes. |
|
Aucune : agit uniquement sur commande | Faible : Risque limité, faible impact sur les décisions humaine |
| Assistant | Comprend le langage naturel et s’appuie sur une base documentaire pour formuler des réponses pertinentes. |
|
Moyenne : dépend des requêtes humaines | Modérée : Risque de mauvaise interprétation, dépend de la qualité des données |
| Agent ia | Perçoit, planifie, décide et agit dans un environnement donné, sans intervention humaine constante. |
|
Élevée : peut exécuter des tâches de bout en bout | Élevée : Risque fort si absence de supervision ou données biaisées |
C’est cette capacité d’action autonome (et non seulement de « réponse ») qui distingue l’IA agentique et lui donne sa pertinence pour certaines tâches RH.
Comment fonctionne un agent IA ?
Concrètement, le fonctionnement d’un agent IA repose sur quatre briques technologiques :
- Perception : il analyse le contexte et les données disponibles.
- Mémoire : il conserve un historique des interactions pour s’améliorer.
- Planification : il décompose un objectif en étapes logiques.
- Exécution : il agit concrètement en interagissant avec d’autres logiciels (ATS, SIRH, outils de formation).
Pour illustrer ce fonctionnement, on peut imaginer un agent autonome IA qui recevrait l’objectif d’analyser des candidatures et de planifier les entretiens et qui réaliserait les actions nécessaires sans supervision constante.
Agents IA : les premiers cas d’usage appliqués aux Ressources Humaines
L’IA agentique n’en est qu’à ses balbutiements, mais plusieurs cas d’usage appliqués à la fonction RH permettent de mieux comprendre ce qu’elle peut lui apporter.
IA agentique et recrutement : accélérer les étapes initiales
Le recrutement concentre des tâches répétitives, idéales pour un agent IA. Ces systèmes peuvent analyser des CV, présélectionner des candidats et même assister aux entretiens à l’aide d’une grille de compétences.
Lors de Septeo Future Insights HR 2025, Clément Gobet, Lead Scale-Up Manager & Community Ops chez France Digital, a partagé un exemple parlant :
« Certaines entreprises ont déjà recours à des agents IA pour automatiser les premières étapes du processus de recrutement, telles que le screening d’entretien. Cela leur permet de finaliser leurs recrutements en seulement 3 jours, avec une expérience candidat vécue très positivement par les principaux concernés. »
IA agentique et onboarding : accompagner les nouveaux collaborateurs
Une autre application émerge pour les agents IA : l’intégration des nouveaux arrivants. L’IA agentique autonome peut construire un parcours d’onboarding personnalisé, recommander des formations adaptées et répondre aux questions pratiques dès le premier jour.
Dans ces deux exemples, l’objectif n’est pas de remplacer le rôle de l’humain mais de le compléter. Le RH et le manager restent au centre de la relation avec les candidats et nouveaux collaborateurs pour créer du lien et engager, tandis que l’IA agentique leur libère du temps, raccourcit les délais de recrutement et facilite le quotidien du nouveau collaborateur.
Des questions déjà soulevées par l’IA agentique
Si les cas d’usage restent limités, ils n’en sont pas moins prometteurs. Ils démontrent surtout que l’IA agentique ne peut pas être abordée comme une simple évolution technologique. Elle soulève des interrogations qui touchent au droit, à l’organisation et à la culture d’entreprise. En un mot, à la gouvernance.
- Sur le plan légal, Alexandre Duprey, avocat au sein du cabinet Capstan, rappelle que « les activités liées au recrutement des personnes physiques, à la sélection des profils et toutes les décisions qui ont une influence sur les conditions professionnelles, l’emploi et les licenciements, sont catégorisées comme étant à haut risque par l’IA Act européen. Ce cadre légal propulse le DRH au cœur du réacteur de l’intelligence artificielle ».
- Sur le plan organisationnel, la responsabilité est un enjeu clé : qui contrôle l’agent ? Jusqu’où peut-on lui déléguer la prise de décision ?
- Sur le plan culturel et managérial, l’arrivée de ces “collaborateurs-machines” bouleverse la relation de travail. Comment intégrer ces nouveaux acteurs au sein des équipes pour que leur présence soit non seulement acceptée, mais aussi créatrice de valeur pour l’entreprise ?
À retenir
L’IA agentique n’en est qu’à ses débuts, mais ses premiers cas d’usage dans la sphère RH montrent déjà son potentiel. Les agents IA autonomes ouvrent la voie à une nouvelle manière de concevoir les processus RH : plus fluides, plus rapides, mais aussi plus complexes à encadrer.
Pour les DRH, il est essentiel de comprendre dès aujourd’hui ce qu’est l’IA agentique, comment elle fonctionne et ce qu’elle implique. Car au-delà des promesses technologiques, elle invite à repenser la place de l’humain dans l’organisation et, plus largement, la culture d’entreprise dans son ensemble.
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