Onboarding : comprendre les enjeux pour construire une expérience qui fidélise
Saviez-vous qu’en France, 1 salarié sur 3 quitte son poste avant la fin de sa période d’essai faute d’accompagnement1 ? Dans un contexte où les premiers mois conditionnent l’engagement et la rétention, l’onboarding n’est plus une simple étape administrative : il devient un enjeu stratégique pour les RH, un marqueur de crédibilité et un véritable outil de fidélisation. Autrement dit, les enjeux de l’onboarding se situent désormais au cœur de la stratégie RH.
C’est l’un des enseignements mis en avant lors de la table ronde Septeo Future Insights HR 2025 « Onboarding : de la lune de miel à la réalité », réunissant quatre experts du sujet :
- Florian Delecroix, RRH chez Viva Technology,
- Cécile Speich, Directrice associée de l’agence Plotfox,
- Marion Cosar, Directrice Générale de l’École du Recrutement,
- Emmanuel Ojzerowicz, Consultant RH-RSE chez Jefferson International.
Leurs analyses offrent un éclairage précieux pour comprendre les enjeux concrets de l’onboarding aujourd’hui.
Pourquoi l’onboarding est devenu un enjeu RH majeur
Dans un marché où les talents n’attendent plus pour partir quand la réalité ne correspond pas à la promesse, l’onboarding devient un moment décisif.
Un moment de vérité entre promesse employeur et réalité
L’onboarding est le premier terrain d’épreuve de la marque employeur. Tout au long du recrutement, l’entreprise a partagé des valeurs, un mode de fonctionnement, une culture et parfois des engagements très concrets. Ces éléments constituent autant de promesses sur lesquelles le candidat s’est appuyé pour dire « oui ». L’intégration est donc le moment où ces promesses doivent se matérialiser.
Comme le souligne Cécile Speich : « La marque employeur ne doit pas être une campagne marketing, mais le reflet authentique de la culture interne. Elle doit rayonner par elle-même, sans artifices, dans un véritable alignement entre ce que l’on montre et ce que l’on est. »
Sans cet alignement, le risque est clair : un décalage entre le discours et la réalité. Or, c’est précisément au moment de l’onboarding que ce désalignement devient visible. Une intégration préparée et fidèle à ce qui a été présenté en amont renforce la confiance du nouveau collaborateur et crédibilise la promesse employeur. À l’inverse, un onboarding improvisé révèle immédiatement les incohérences et peut fragiliser la relation employeur–salarié dès les premiers jours.
Enjeux Onboarding : un défi de fidélisation des collaborateurs important
L’onboarding influence directement la décision du collaborateur de rester ou non dans l’entreprise. Puisque chaque départ anticipé fragilise l’organisation et oblige à relancer un cycle de recrutement coûteux, la rétention des collaborateurs est tout naturellement devenue une préoccupation majeure pour les directions RH.
Pour améliorer le taux de turnover et passer d’un taux moyen de 15% en France2 à un niveau que l’on peut qualifier de « bon », c’est-à-dire autour de 5%, « il faut qu’on s’intéresse réellement à ce que ressentent les collaborateurs », rappelle Emmanuel Ojzerowicz.
Or ce ressenti, comme l’ont souligné les experts de la table ronde, dépend avant tout de la qualité des repères et du sentiment de cohérence que l’entreprise parvient à installer dès les premiers jours. Lorsque le collaborateur comprend rapidement son rôle, voit comment il s’intègre au collectif et retrouve ce qui lui a été présenté pendant le recrutement, il se projette plus facilement dans la durée.
En d’autres termes, l’envie de rester repose en grande partie sur la façon dont l’entreprise accueille, accompagne et rassure le nouveau collaborateur. L’onboarding devient ainsi l’un des leviers les plus puissants et les plus immédiats pour sécuriser la fidélisation, bien avant les dispositifs de développement des talents ou de qualité de vie au travail.
Le pré-boarding : l’angle mort qui pèse lourd dans l’engagement
Parmi les enjeux de l’onboarding souvent sous-estimés, le pré-boarding occupe une place de choix. Il s’agit de cette phase invisible entre la signature du contrat et le premier jour. Or, c’est précisément dans ce laps de temps que l’enthousiasme initial peut s’étioler… ou se renforcer.
Un temps souvent négligé mais décisif
Entre la contractualisation et l’arrivée, le futur collaborateur traverse souvent un véritable “tunnel d’incertitude”, une période durant laquelle il reçoit peu d’informations, parfois aucune. Ce silence fragilise la confiance, nourrit les doutes et peut rapidement altérer l’enthousiasme né pendant le recrutement. La fameuse « lune de miel » peut alors prendre fin avant même le jour 1.
Un pré-boarding soigné confirme au collaborateur qu’il a fait le bon choix et que son arrivée est réellement attendue. Il joue aussi un rôle émotionnel majeur : en maintenant le lien en amont, il pose les bases du sentiment d’appartenance et prépare une intégration plus fluide au sein de l’équipe.
L’essentiel n’est donc pas la quantité d’actions menées, mais la capacité à instaurer un premier contact clair, chaleureux et aligné avec la promesse employeur.
Un pré-boarding efficace repose sur l’alignement des parties prenantes
Pour Cécile Speich, si le pré-boarding permet de « poser les jalons d’une relation de confiance », encore faut-il que les bons acteurs soient mobilisés au bon moment. Elle rappelle que les RH ne peuvent pas porter seuls cette phase charnière : « Toutes les parties prenantes doivent être impliquées. Les RH ont un rôle à jouer mais ils doivent aussi embarquer les managers, leur donner les clés qui vont leur permettre de rassurer, de donner les bonnes infos au bon moment et d’embarquer la personne qui va intégrer les équipes. »
Le pré-boarding devient ainsi un moment de passage de témoin entre les RH, qui initient la relation, et le manager, qui en prend progressivement le relais. Lorsque cet alignement est clair, le futur collaborateur perçoit immédiatement une organisation cohérente et coordonnée. À l’inverse, si les messages diffèrent ou si le manager n’entre en scène que le jour de l’arrivée, les doutes peuvent rapidement s’installer dans l’esprit du futur salarié.
Ainsi, un pré-boarding efficace repose donc moins sur la quantité d’actions menées que sur la capacité des acteurs à avancer ensemble, avec un discours cohérent.
Enjeux onboarding : des défis forts dans la durée
Après le pré-boarding, qui prépare le terrain avant l’arrivée, l’enjeu consiste à prolonger cette dynamique au-delà du premier jour. Comme le rappelle Florian Delecroix, « l’onboarding, ce n’est pas juste la première semaine. On parle des 100 jours ». Cette vision met en lumière un élément clé : l’intégration est un temps long, au cours duquel se construit progressivement la confiance et l’engagement.
Maintenir l’élan des premiers jours : un enjeu central de l’onboarding
Pour faire de l’onboarding un véritable levier de fidélisation, la cohérence entre le discours tenu pendant le recrutement et l’expérience vécue dans l’entreprise est essentielle. Or, cette cohérence ne peut exister que si l’accompagnement se poursuit au-delà du premier jour.
Imaginons un processus parfaitement rôdé : une marque employeur inspirante, un discours cohérent, un premier jour dynamique, une première semaine bien cadencée… puis plus rien. Que retient alors le collaborateur ? Certainement pas une culture solide, mais plutôt un décalage entre ce qui a été montré et ce qui existe réellement. Tout l’effort consenti pendant le recrutement, le pré-boarding et les premiers jours perd alors en crédibilité s’il n’est pas prolongé dans le temps.
Maintenir l’élan des débuts permet d’éviter cet effet « vitrine » (ou l’effet « lune de miel ») où tout semble parfait au départ avant de retomber. C’est au contraire la constance, semaine après semaine, qui renforce la sécurité psychologique, donne de la lisibilité et encourage l’envie de s’engager durablement.
Les premières semaines : une période à fort enjeu pour le collaborateur
Les semaines qui suivent l’arrivée dans l’entreprise constituent un moment charnière. Le nouveau collaborateur y découvre les codes, les attentes et les dynamiques internes. Il interprète chaque interaction, observe la cohérence entre ce qu’on lui a présenté et ce qu’il vit réellement et évalue, une nouvelle fois, s’il a fait le bon choix.
C’est aussi une phase où l’incertitude est forte : nouveaux outils, nouveaux interlocuteurs, nouvelles missions. Sans visibilité sur ce qui l’attend, ce moment peut devenir une source de confusion et fragiliser l’engagement naissant. À l’inverse, un onboarding qui s’inscrit au-delà du jour 1 permet de consolider les repères nécessaires pour renforcer la confiance.
La projection dans l’entreprise : l’ultime enjeu de l’onboarding
La projection professionnelle et l’envie de rester ne naissent pas spontanément : elles se construisent au fil du temps. Comprendre son rôle, s’approprier les missions, vivre ses premières réussites ou commencer à tisser des liens… autant d’étapes qui ne peuvent s’accomplir en quelques jours.
Un onboarding qui s’inscrit dans la durée permet au collaborateur :
- de comprendre précisément ce que l’on attend de lui et les leviers dont il dispose pour atteindre ses objectifs ;
- de mesurer son impact et sa contribution au sein de l’équipe, semaine après semaine ;
- de commencer à visualiser son évolution potentielle dans l’entreprise.
Ce sont ces jalons progressifs, posés de manière régulière, qui renforcent la stabilité émotionnelle, la motivation et la confiance du collaborateur. C’est ainsi que se construit une intégration durable, bien au-delà des premiers jours.
A retenir
L’onboarding ne se résume plus à un accueil le jour de l’arrivée : il cristallise désormais des enjeux majeurs pour les RH. C’est à ce moment que l’entreprise doit tenir sa promesse employeur, instaurer la confiance dès le pré-boarding et éviter les départs précoces qui fragilisent l’organisation. En prolongeant l’accompagnement au-delà du jour 1, l’onboarding maintient l’élan des débuts, soutient la montée en puissance du collaborateur et lui permet de se projeter durablement.
Lorsque l’intégration est pensée comme un véritable parcours, elle devient l’un des leviers les plus puissants pour fidéliser et engager sur le long terme.